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dimanche 4 février 2018

Les qualités générales demandées aux matériaux de restauration coronaire et radiculaire

Un matériau de restauration coronaire ou radiculaire doit permettre la réalisation d'une restauration fonctionnelle, comblant la perte de substance, limitant les risques de lésion carieuse secondaire, sans agresser le tissu pulpaire ni les tissus de la sphère buccale environnante. Il peut s'agir d'un matériau permanent dont la longévité dépendra des qualités intrinsèques du matériau mais aussi des indications et des conditions de mise en oeuvre clinique. Il peut s'agir d'un matériau temporaire mis en place pour une durée allant de quelques jours à plusieurs mois.



Les qualités générales demandées aux matériaux de restauration coronaire et radiculaire

Il faut savoir que les qualités des matériaux de restauration coronaire ou radiculaire ont une influence directe sur le comportement biologique du matériau dans la cavité buccale et ceci est représenté dans le schéma suivant :


Pour des raisons didactiques, nous choisirons d'aborder successivement : les qualités mécaniques et physiques, l'étanchéité, et enfin la longévité. Enfin nous aborderons les autres exigences auxquelles doivent répondre les matériaux de restauration : mise en oeuvre, coût, esthétique, possibilité de réfection, facilité de dépose, compatibilité avec les autres matériaux.

1. Qualités mécaniques et physiques

1.1. Qualités mécaniques

Les qualités mécaniques sont directement en relation avec la résistance des matériaux et donc sur leur longévité mais également avec leur capacité à transmettre des contraintes aux tissus dentaires.

1.1.1. Dureté

C'est la capacité d'un matériau à résister à une déformation plastique. Donc le matériau de restauration surtout coronaire doit permettre une résistance à l'abrasion, une bonne attitude au polissage et une faible transmission des contraintes occlusales à la dent traitée et aux dents antagonistes. 

1.1.2. Résistance

Les matériaux de restauration surtout coronaire doivent être suffisamment résistant à l'abrasion, à la compression, au cisaillement et enfin au fluage et ceci afin de limiter les phénomènes de rupture du matériau fragilisé par la progression de fissures en son sein.


Figure 2 : Fatigue de l'obturation sous une sollicitation occlusale

1.2. Qualités physiques

1.2.1. Conductibilité thermique

Le matériau de restauration qui présente une conductibilité élevée va permettre une transmission rapide des variations thermiques au tissu dentinaire et générer des sensibilités. D'une façon générale, la conductibilité pour les biomatériaux devrait approcher celles des tissus dentaires.

1.2.2. Conductivité électrique

La conductivité électrique caractérise l'aptitude du matériau à permettre le passage du courant électrique, c'est‐à‐dire de permettre aux charges électriques de se déplacer librement en son sein. Cette dernière doit être la plus faible possible.

1.2.3. Dilatation thermique

Si le matériau présente une dilatation élevée par rapport à celle des tissus dentaires, les joints dent/restauration seront fortement sollicités en compression lors des variations de température. Bien entendu, cette sollicitation sera d'autant plus forte que le volume du matériau sera important.
Pour les matériaux d'obturation canalaire il y a d'autres qualités demandées à savoir :

1.2.4. Radio‐opacité

Elle est nécessaire car elle permet d'apprécier la valeur de l'obturation.

1.2.5. Solubilité

L'absence de solubilité naturelle des produits d'obturation par des fluides organiques est une qualité essentielle des ciments endodontiques.

1.2.6. Épaisseur du film

Pour que l'herméticité soit satisfaisante, le cône doit s'adapter parfaitement aux parois dentinaires et le film de matériau de scellement doit être le plus fin possible.
D'autre part plus le volume de ciment est important plus la rétraction est grande.

2. Étanchéité

L'étanchéité d'une restauration, c'est‐à‐dire l'herméticité du joint tissu dentaire/matériau de restauration a pour objectif principal d'éviter une contamination bactérienne en direction pulpaire au travers des canalicules dentinaires et d'éviter le passage de fluides au niveau de ce joint afin d'éviter une coloration inesthétique de ce joint.
L'étanchéité d'une restauration dépend de plusieurs facteurs :
  • L'adaptation marginale
  • La stabilité dimensionnelle
  • Les propriétés visco‐élastiques
  • L'adhérence

3. Longévité

La longévité d'un matériau permet de limiter le nombre de réinterventions, toujours dommageables pour l'organe pulpaire. La résistance mécanique des matériaux limite les phénomènes de dégradation et participe à la longévité tout en permettant d'assurer la fonction.

4. Comportement biologique

Le comportement biologique spécifique du matériau doit être pris en compte dans ses différentes expressions. Pour être biocompatible, le matériau doit s'intégrer dans son environnement et ne pas causer de nuisances (infectieuse, toxique, allergique ou mutagène) et être compatible avec les autres matériaux.

5. Esthétique

Les qualités esthétiques d'un matériau sont aujourd'hui une qualité importante qui répond à la demande des patients.

6. Facilité d'emploi et de mise en oeuvre 

Ces caractéristiques sont représentées par le stockage, des aptitudes au modelage ou au polissage, un temps de prise adapté à la situation clinique, et des facilités de réfection ou de dépose.

7. Coût

Le coût de l'utilisation d'un biomatériau doit être, en terme de santé publique rapporté au bénéfice obtenu (rapport coût‐bénéfice) pour le patient : pérennité, esthétique, qualité de la restauration sur le plan fonctionnel, possibilité de réparation...
Il faut également faire intervenir à ce niveau le « coût tissulaire » comme, par exemple, la nécessité ou non d'une mise en forme cavitaire mutilante (rétention, recouvrements...).